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Les écoles, nos nouvelles églises?

Par: Christian Savard
10 septembre 2019

Ecole Arc En Ciel De Laventure 1

Longtemps, les églises ont été le lieu de rassemblement au cœur de chacun de nos quartiers, de nos villages. Elles étaient un symbole dans le paysage. On s’y rendait tous les dimanches pour l’office religieux, mais ses espaces, notamment son légendaire sous-sol était aussi, au quotidien, le lieu de divers rassemblements et activités communautaires.

Aujourd’hui, les églises ont perdu quantité d’adeptes et nombre d’entre elles sont en voie de reconversion, voire de démolition. Bien qu’il faille en faire beaucoup plus pour préserver et mettre en valeur le patrimoine religieux bâti, en cette période de rentrée, je fais la proposition de faire de nos écoles primaires le nouvel ancrage de nos quartiers.  

Les écoles pourraient devenir nos nouvelles églises. Elles sont notre premier service essentiel de proximité: chaque quartier devrait avoir son école. Elles marquent le paysage, pas toujours en hauteur, mais de par leur vaste terrain. On y croise ses voisins, on y apprend des nouvelles. Elles sonnent même la cloche, à heures fixes!

Bien sûr, le premier rôle de l’école, c’est d’accompagner et d’outiller nos enfants. Elles doivent, pour cela, être conçues pour donner le goût d’apprendre et avoir toutes les qualités de milieux de vie agréables. Plusieurs acteurs ont planché ces derniers mois sur les leçons et les devoirs de l’école en matière d’architecture, de Marc-André Carignan au Lab-École en passant par le projet Schola. En ce qui concerne l’insertion des écoles dans leur communauté, il manque toutefois de propositions fortes.

Au-delà de l’architecture, voici quatre défis que l’école devrait relever pour contribuer à la création de collectivités viables:

1. Sa taille. Si bien conçue soit-elle, une école primaire de 25, 30 classes n’a aucune chance de contribuer à l’échelle humaine d’un quartier. Son bassin de recrutement sera tout simplement trop grand pour permettre à la majorité des enfants de s’y rendre à pied. Ce sera donc, chaque matin et chaque soir, un ballet de voitures et d’autobus scolaires qui convoiera les élèves dans les rues. Adieu, découvertes du chemin de l’école! Bonjour, bruit, insécurité routière, pollution locale et gaz à effet de serre.

2. Sa localisation. Dans les nouveaux quartiers, il faudrait penser en priorité au meilleur site pour l’école, qui ne sera peut-être pas celui que les promoteurs ont laissé de côté! Reléguée en périphérie d’un quartier ou au bord d’un boulevard achalandé, l’école perd à la fois sa fonction structurante et son accessibilité.

3. L’aménagement de son terrain. Trop longtemps, les écoles ont été, au cœur de chaque quartier, ce petit îlot de chaleur presque cent pour cent minéral, cour comprise. Il est temps de renverser la tendance et de mettre à profit les écoles pour relever le défi de l’adaptation aux changements climatiques. En réaménageant les cours d’école, pensons aux arbres, pensons à l’eau, pensons aussi à la neige et à la glace qui occupent une bonne partie de l’année scolaire.

4. Son rôle d’équipement collectif. Quantité de cours d’école, de salles polyvalentes, de gymnases ont été fermés tout l’été et le seront encore cette année, les soirs et les fins de semaine. Mutualiser ces espaces, en partager l’entretien, c’est une question d’optimisation du territoire et des ressources. Fermer l’accès à une cour d’école, cela devrait être interdit!

Tous les équipements publics marquent le territoire et tous devraient contribuer à un aménagement durable de nos milieux de vie. Les écoles ont ceci de spécial qu’elles sont vraiment partout, et que les enfants, leur premier public, ont une aire d’autonomie réduite. Il est d’autant plus crucial de les implanter et de les aménager à échelle humaine.

Cet automne s’amorce un grand chantier pour la gouvernance scolaire, avec le remplacement annoncé des commissions scolaires par des centres de service. C’est l’occasion pour les municipalités de s’impliquer dans cette question très locale. Il faut que les changements législatifs prévoient un partage des responsabilités, sur ces quatre points essentiels, entre les centres de service et les communautés.

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