Montréal, le 11 juillet 2023 – Une semaine après le dépôt du rapport de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sur une nouvelle mouture d’un projet structurant de l’Est de Montréal (PSE), Vivre en Ville déplore la confusion qui s’est installée et appelle à reprendre l’initiative. À cet effet, l’organisation propose trois actions pour desservir adéquatement ce secteur négligé de la métropole, et identifie trois conditions pour éclaircir l’avenir du transport en commun au Québec.
Avant toute chose, un leadership politique est nécessaire. « Nous avons complètement perdu notre boussole dans le dossier du transport en commun dans l’Est. Aussi bien la mairesse de Montréal, avec la ligne Rose, que le premier ministre du Québec, avec le REM, ont déjà porté des propositions ambitieuses. Pourtant, autant la Ville que le gouvernement adoptent maintenant une position d’attente plutôt que de leadership. Ce n’est pas ainsi qu’on parviendra à faire bouger les choses » constate Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
Trois actions à prendre pour bien desservir l’Est de Montréal
Pour la desserte de l’Est de Montréal, Vivre en Ville propose trois actions principales.
1. Maintenir un niveau d’ambition au moins égal à celui du REM de l’Ouest.
« Tout projet d’une portée moins grande que celle du REM de l’Ouest aurait pour conséquence d’accentuer le désavantage socio-économique de l’Est, qui s’est bien fait promettre que son tour viendrait » rappelle Christian Savard. « Une métropole comme Montréal a besoin d’un réseau de type REM. Le lien direct avec le cœur du réseau est une nécessité pour relier l’Est à l’ensemble de la métropole, en permettant à la population et aux entreprises d’accéder facilement à tous les secteurs – tout comme l’Ouest l’obtiendra avec le REM de l’Ouest. C’est à cela que doit ressembler un réseau normal. Ne laissons pas tomber l’Est. »
2. Commencer par l’axe qui fait consensus: le lien entre le centre-ville et le Nord-Est.
« Le point commun entre la ligne Rose et le projet de REM de l’Est, c’est la desserte du Nord-Est avec un parcours en site propre intégral. C’est ce « REM rose » dont l’achalandage anticipé justifie des investissements importants. En fait, c’est incroyable que ce parcours n’ait tout simplement pas été étudié par l’ARTM. Il n’est pas nécessaire de régler toutes les questions pour mettre ce projet en branle. Avançons tout de suite sur ce qui est incontournable! » appelle Christian Savard.
3. Concevoir un plan de transport et de développement intégré pour l’Est de Montréal.
« Il faut planifier un réseau intégré qui desserve efficacement tout le secteur, et cela pourrait passer par plusieurs modes venant se connecter au « REM rose » et au métro actuel », explique Christian Savard. « Il va aussi falloir une vision beaucoup plus précise du développement de l’Est, pour soutenir une planification intégrée de l’aménagement et des transports. »
Trois conditions pour l’avenir du transport en commun
« Il est urgent de construire les réseaux de transport en commun dont nous aurons besoin dans un futur proche pour réussir les transitions nécessaires. Or, la situation actuelle, brouillonne et sans boussole, est en train de miner le développement du transport en commun » déplore Christian Savard.
Vivre en Ville identifie trois conditions pour l’avenir du transport en commun.
1. Un chantier sur le coût des projets et son estimation.
« Il faut comprendre, une fois pour toutes, pourquoi développer le transport en commun semble coûter deux fois plus cher ici que, par exemple, à Vancouver ou à Toulouse. Et il faut clarifier les méthodes d’estimation des coûts des projets. C’est un enjeu de bonne gouvernance et de démocratie » souligne Christian Savard.
2. Une conversation apaisée sur l’insertion de métros légers non souterrains.
« Six ans après l’annonce par la CDPQ du projet de REM de l’Est, nous ne sommes toujours pas capables de discuter efficacement et objectivement de l’insertion d’un métro léger, que ce soit en structure ou en surface. Il faut se documenter, aller voir ce qui se fait ailleurs, présenter des comparaisons plus réalistes que l’autoroute Métropolitaine » analyse Christian Savard.
3. La fin des rivalités entre les acteurs.
« L’enlisement du projet de transport en commun pour l’Est est beaucoup lié à un problème de gouvernance et de partage des responsabilités, autant de planification, de gestion que de financement. Il est urgent de le régler, autant pour ce projet que pour l’avenir du transport en commun. Rappelons que les projets autoroutiers, de leur côté, sont sous la compétence exclusive du ministère des Transports, ce qui facilite grandement la prise de décision les concernant » souligne Christian Savard.
Se donner les moyens de financer nos ambitions en mobilité durable
« De quel budget doivent disposer Montréal et le Québec pour développer le réseau de transport en commun qui nous permettra d’atteindre nos cibles? Personne ne le sait, et on continue de gérer nos investissements à la petite semaine » déplore Christian Savard.
Le Québec consacre encore les deux tiers de ses immobilisations en transport au réseau routier. À titre de comparaison, l’Ontario a inversé le ratio et consacre maintenant les deux tiers de ses investissements en transport au transport en commun, prévoyant d’y allouer 70 milliards en 10 ans. De nombreux projets y sont en cours de réalisation.
Pour pouvoir planifier efficacement le développement des actifs nécessaires en transport en commun, il est impératif, selon Vivre en Ville, de prendre résolument cette décision, y compris sur le plan budgétaire.
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Annexe
Présentation du webinaire « Projet structurant de l’Est: quelles suites pour l’Est de Montréal? »
À propos de Vivre en Ville
Organisation d’intérêt public, Vivre en Ville contribue, partout au Québec, au développement de collectivités viables, œuvrant tant à l’échelle du bâtiment qu’à celles de la rue, du quartier et de l’agglomération. Par ses actions, Vivre en Ville stimule l’innovation et accompagne les décideurs, les professionnels et les citoyens dans le développement de milieux de vie de qualité, prospères et favorables au bien-être de chacun, dans la recherche de l’intérêt collectif et le respect de la capacité des écosystèmes.
Renseignements
Thalie Labonté
Conseillère aux affaires publiques
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