Cette chronique, elle me tourne dans la tête depuis plusieurs semaines. Elle me tourne dans la tête depuis que la COVID est passée, d’une maladie qui touchait essentiellement des gens aisés qui avaient voyagé, à une pandémie qui affecte particulièrement les plus défavorisés et les quartiers où ils habitent.
Si ces courbes se sont inversées, c’est tout simplement parce que ce sont les personnes défavorisées qui nous soignent. Le tribut est très cher payé pour celles et ceux qui soignent nos aînés. C'est une triple peine. Mal payés, souvent contaminés à la COVID-19 au travail et contaminant ensuite leurs proches.
Pour ajouter à ce portrait déjà inacceptable, il faut ajouter que ce sont trop souvent des femmes issues de l'immigration qui sont les plus touchées. Un enjeu qui nous saisit d’autant plus avec la colère qui gronde autour du racisme systémique et des iniquités raciales.
Évidemment, ces temps-ci, je ne suis pas le premier à exposer cette injustice funeste. Mais elle m’obsède, me gruge, me hante. Qu’est-ce que nous aurions dû faire, qu’est-ce que nous pouvons faire et qu’est-ce que moi, en tant que très modeste leader d’opinion, je peux faire? Que faire pour que, lors du prochain choc que va subir notre société, ce ne soit pas, encore une fois, les plus défavorisés qui en payent le prix le plus fort?
Une grande partie des solutions doit évidemment venir de nos politiques salariales et de notre régime fiscal. À titre d’exemple, l’important rattrapage salarial que le gouvernement a proposé pour les préposées fait assurément partie de la solution.
Mais en ce qui a trait à l’expertise de Vivre en Ville, sur quoi devons-nous insister? Que pouvons-nous, que devons-nous influencer? Surtout qu’alors que la propagation de la COVID ralentit, l’autre crise, la crise économique, va à son tour faire de plus en plus de victimes.
Il m’apparaît évident que de résorber la crise du logement constitue probablement, pour Vivre en Ville, la façon la plus porteuse et structurante de jouer son rôle. Pouvoir bien se loger est un facteur de protection et de résilience, pour les moins favorisés, comme pour l’ensemble de la société.
Dans les derniers mois, Vivre en Ville a commencé à réunir des acteurs du logement pour réfléchir aux meilleures stratégies à déployer pour que bien se loger cesse d’être un privilège. Augmenter les investissements publics est bien sûr une nécessité. Au-delà, comment s’assurer d’avoir suffisamment de logements abordables et sociaux dans chaque collectivité, pour répondre aux besoins des personnes défavorisées, des familles, des aînés?
De plus, n’oublions pas que la crise climatique est toujours présente, augmentera en intensité et en urgence. Construire de l’habitation pour construire du l’habitation ne sera pas suffisant. Nos logements sociaux doivent aussi être bien localisés et éviter l’étalement, ils devront contribuer à diminuer leur impact sur les îlots de chaleur et réduire leur consommation énergétique.
C’est une nécessité pour lutter contre la crise climatique, et aussi une question de qualité de vie. D’ailleurs, nous amenons notre contribution à cet effet à travers le projet Construire avec le climat.
À Vivre en Ville, même si l’habitat a toujours fait partie de nos préoccupations, je suis conscient que nous n’y avons pas mis assez d’énergie jusqu’ici. Je m’engage à redoubler nos efforts. Il le faut, pour qu’à l’avenir, ce ne soient pas toujours les mêmes qui écopent à chaque crise.