La nouvelle année nous pousse au bilan de l’ancienne, qui en fut une de prise de conscience. Entre Déclaration d’urgence climatique et Pacte pour la transition, 2018 a laissé nombre d’entre nous sur une question: sommes-nous à la hauteur? Posons-nous les bons gestes pour préserver un futur, tant pour nous que pour les autres, proches et lointains?
La réponse est sans doute, malheureusement, non. Il y a d’ailleurs probablement très peu, actuellement, de sociétés occidentales dont les réformes soient à la hauteur du défi à relever. Certains courent vers le précipice, d’autres y vont en marchant… Mais en définitive, si nous poursuivons la tendance, nous allons tous finir dedans. À Vivre en Ville, nous avons donc résolu – c’est de saison – de rehausser notre niveau d’exigence pour soutenir un virage plus décisif des pratiques de développement de nos milieux de vie.
Nous croyons qu’il est temps de cesser de tenter d’améliorer ce qui se fait de mal, et de plutôt consacrer notre énergie à généraliser ce qui se fait de bien.
On ne peut plus se contenter de faire de petits pas ni se satisfaire de bonnes intentions qui ressemblent trop souvent à du greenwashing. On ne peut plus accepter d’hôpital en zone agricole, ni d’élargissements d’autoroutes déguisés en voies réservées. On ne peut plus tolérer que des stationnements de surface défigurent nos villes, même si on les qualifie d’écologiques. On ne peut plus accepter que nos institutions et le gros des emplois s’installent en dehors des centres-villes. On ne peut plus laisser détruire notre patrimoine.
Il faut arrêter l’hémorragie. Il est temps que les bons projets, de l’exception, deviennent la norme. Le réseau structurant de transport collectif de Québec doit se faire, et se faire vite! La ligne bleue du métro de Montréal doit être prolongée sans tarder. Le projet Fortissimo à Drummondville, les écoquartiers à Québec doivent se réaliser et se généraliser. L’implantation de la Vision Zéro en sécurité routière doit s’accélérer. Il doit y avoir plus de rues comme Notre-Dame à Victoriaville et de villes nourricières comme Saint-Bruno. Nous en sommes capables: faisons-le!
Pour monter la barre dans nos pratiques, il faudra aussi monter la barre en matière de mobilisation. C’est là une conviction personnelle à laquelle je ne veux pas lier mon organisation, qui en fait déjà beaucoup.
Dans mon propre bilan, le grand regret de la dernière année reste d’avoir trop peu, trop tard engagé certaines batailles. Face à des projets plus que discutables, comme Le Phare, que personne n’appuie à part leur promoteur, nous ne pouvons pas nous contenter de protester en privé ou de manifester notre désaccord par des émojis contrariés sur les réseaux sociaux. Il nous faut aller dans les tranchées de la mobilisation publique et officielle. Sans cette pression, rien ne changera. Je fais le difficile constat que nous ne sommes pas encore assez nombreux, assez motivés, assez déterminés.
L’espoir est pourtant permis: nous sommes assurément de plus en plus à mesurer la nécessité de changer les pratiques. J’en reçois des témoignages chaque jour. Mon souhait pour 2019 sera donc de monter systématiquement la barre, pour vraiment renverser la tendance. Je compte sur vous.