En hiver, on les oublierait presque, maigres silhouettes ployant parfois sous la neige et la glace. Mais l’approche du printemps va les ramener à la vie, et l’été nous fera les remercier cent fois: les arbres, en ville, sont nos meilleurs amis. Tellement, que je fais le plaidoyer qu’ils devraient être considérés comme une infrastructure municipale stratégique.
De plus en plus de municipalités québécoises adoptent, avec raison, une politique de l’arbre. Les arbres urbains devraient en effet être considérés comme une infrastructure essentielle, au même titre qu’un réseau d’égout, la chaussée ou un trottoir. Leur présence est tout aussi stratégique, autant pour la santé que pour l’environnement. Ils devraient avoir leur place au cœur des responsabilités municipales, avec la gestion de la circulation et celle des matières résiduelles.
On ne parle pas, ici, de la protection des grands boisés, au rôle par ailleurs crucial, notamment pour la protection des écosystèmes et de la biodiversité. Mais bien des arbres « de proximité »: ceux des parcs, des rues, des places, ceux qui jalonnent l’espace public et assurent la couverture végétale dont nous avons besoin pour bien vivre.
Le milieu de la santé a récemment livré un puissant plaidoyer en faveur des arbres, appelant à réinvestir dans ces infrastructures vertes et rappelant tous les avantages que nous retirons de leur présence. Ces avantages sont nombreux: les arbres protègent notre santé mentale, filtrent les poussières pour améliorer la qualité de l’air, et favorisent l’activité physique. Entourés d’arbres, nous guérissons plus vite, et nous vivons plus vieux et en meilleure santé.
Alors que nous avons commencé de subir les effets du réchauffement climatique et que les vagues de chaleur se font plus fortes et plus fréquentes, les arbres sont aussi de puissants climatiseurs naturels. Ils limitent ainsi l’effet d’îlot de chaleur urbain et ses conséquences négatives pour la santé, notamment des plus vulnérables. La présence d’arbres régule aussi l’écoulement des eaux pluviales et limite le risque d’inondation, également accru par les changements climatiques.
Les arbres améliorent la qualité de vie. Leur présence dans l’espace public renforce le sentiment d’appartenance et le tissu social de la communauté. Dans nos milieux de vie, les arbres marquent parfois le paysage urbain d’une empreinte aussi forte que celle des bâtiments. Ils sont un patrimoine collectif et intergénérationnel, dont une bonne partie nous survivra.
Bref, les arbres sont incontournables comme infrastructure urbaine. Là où ils manquent, il faut faire la petite révolution nécessaire pour leur donner leur place dans l’espace public. Il faudra parfois limiter le stationnement, réorganiser des voies de circulation, réaménager une place. Chose sûre, l’arbre de proximité n’est pas un luxe: c’est une nécessité.
La reconnaissance de l’arbre comme infrastructure urbaine à part entière passe par la mise en place, dans les municipalités, d’un système de gestion adapté à leur suivi. Comme les autres actifs municipaux, telles les chaussées, les arbres devraient être inventoriés et géoréférencés. L’appareil municipal pourra ainsi suivre leur état, déterminer les mesures appropriées au milieu et les adapter aux résultats observés, parfois sur le long terme. Des indicateurs, comme un système de cote, permettront de refléter l’état et l’évolution de cet actif municipal.
Dans deux semaines, le 26 mars, Vivre en Ville tiendra son 5e Rendez-vous Collectivités viables sur le thème « Du gris au vert ». Les arbres y tiendront assurément une place importante. On veut vous y voir!