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Un Fonds en aménagement et urbanisme durable (FAUD) de 100 millions par année pour aider nos municipalités à prendre le virage

Par: Christian Savard
15 mai 2018

Ceci est un appel à promesse électorale : une promesse qui serait destinée aux municipalités, ces essentiels acteurs de proximité.

On en demande beaucoup, ces temps-ci, aux municipalités québécoises. Le succès de la Politique de mobilité durable repose en bonne partie sur elles. L’atteinte des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, aussi. La Politique de prévention en santé les met également à contribution. Tout ceci avec raison : en planifiant l’aménagement des milieux de vie, les villes et les villages sont en mesure de créer – ou non – les conditions d’un mode de vie sain et durable.

Prendre le virage nécessaire pour développer des collectivités viables est toutefois plus complexe que de poursuivre le « business as usual ». C’est prouvé, le mode de développement actuel de nos villes s’apparente trop souvent à une catastrophe environnementale doublée d’un gouffre financier. Les divers acteurs s’accordent sur le fait que pour changer de paradigme, c’est la consolidation urbaine qui est la voie à suivre. Malheureusement, elle peut parfois s’avérer plus coûteuse, à court terme, qu’un développement excentré en greenfield.

Un soutien financier s’avère nécessaire pour rassembler les forces vives locales derrière les projets de consolidation et entamer le virage. Vivre en Ville propose donc à l’État et aux partis politique de créer le FAUD : un Fonds en aménagement et urbanisme durable. Celui-ci serait dédié à la consolidation des noyaux villageois, à la création d’écoquartiers sur les friches urbaines, à la densification et à la requalification des anciennes strips commerciales.

Pour être opérant, le FAUD devrait être doté d’une enveloppe annuelle de 100 millions de dollars destinés à soutenir, par exemple, les infrastructures nécessaires aux projets exemplaires. Cette enveloppe pourrait être répartie entre les divers types de collectivités : villages, villes moyennes, milieux suburbain et milieux urbains centraux, par exemple.

Ce soutien financier n’est pas sans précédent. Ainsi, l’écoquartier du technopôle Angus a récemment reçu un appui gouvernemental de 20 millions pour la réalisation d’infrastructures vertes, notamment en matière d’énergie et de gestion de l’eau. La création d’un FAUD de 100 millions par année constituerait un véritable appel d’air pour soutenir et accélérer la réalisation de projets de ce type, partout au Québec. Les friches industrielles de Fortissimo à Drummondville et de Kogan à Rivière-du-Loup, la revitalisation des cœurs villageois, les efforts de densification de Saint-Elzéar, les écoquartiers de Québec et de nombreux autres pourraient en bénéficier, quelle que soit leur échelle.

Des fonds existent déjà pour appuyer la réalisation d’études ou la planification – celui de la Fédération canadienne des municipalités, par exemple. Force est de constater que malgré leur intérêt certain, ils n’ont pas été suffisants pour accomplir le virage : il faut davantage. L’Union des municipalités du Québec mentionne d’ailleurs la pertinence d’un fonds supplémentaire dans son avis sur le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique du Québec.

C’est un constat de plus en plus partagé que la fiscalité municipale est actuellement plutôt défavorable à un développement urbain durable, et rend trop alléchante la course au développement. Il faudra, le plus tôt possible, en revoir les fondements pour la rendre écoresponsable. On sait toutefois que ce genre de réforme est de longue haleine : on ne peut pas attendre d’y arriver avant de commencer le virage. Le FAUD devrait donc être mis en place dès le prochain budget d’un prochain gouvernement.

Le Québec a besoin, en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme, d’une vision d’ensemble qui passera par une Politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. En attendant, il faut aider financièrement les municipalités qui sont prêtes à aller de l’avant. À travers diverses politiques, le Québec a entrepris officiellement un virage : les municipalités volontaires sont ses meilleures alliées pour commencer de le concrétiser.

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