Et si l'architecture permettait de nous adapter aux changements climatiques?
La première journée a débuté avec le premier conférencier Eric Daniel-Lacombe, architecte DPLG, professeur titulaire et directeur de la Chaire «Nouvelles urbanités face aux risques naturels : des abris-ouverts» à l’ENSA Paris-la-Villette, France. Il est venu nous poser une question importante : et si l'architecture permettait de nous adapter aux changements climatiques? À travers des exemples de ses propres réalisations en matière d'architecture résiliente, notamment aux inondations, Eric Daniel-Lacombe expose la nécessité de ne plus considérer la nature comme un fléau. Il prône ainsi une priorité aux régulations naturelles, une ouverture à la nature ainsi que le respect de tous les acteurs en jeu dans les processus d’adaptation urbain.
Repenser l’espace public
S'en est suivi le panel de Vivre en Ville, avec Catherine P. Perras (conseillère - aménagement et urbanisme), Jean-Philippe Simard (conseiller - design urbain et urbanisme et Pierre-Yves Chopin (conseiller - aménagement et mobilité) sous le thème «Convergence climatique». À travers des exemples concrets, ils nous ont démontré l'importance de repenser l'espace public de manière urbanistique et en visant la sécurité des biens existants sans que cela ouvre la porte à de nouveaux problèmes.
Après une courte pause, le deuxième panel, composé de «champions municipaux», a pris place. Daniel Cyr (conseiller en aménagement pour la ville de Laval), Geneviève Quenneville (conseillère en aménagement - Design urbain, direction du développement du territoire et des études techniques, arrondissement du Plateau-Mont-Royal) et Pierre Delabos (conseiller en environnement pour la ville de Québec) ont été invité.e.s sur scène et nous ont présenté leurs efforts, tant sur les espaces publics dont ils sont en charge, qu'à un niveau plus global, de résilience et de transition.
L’urgence d’agir
La deuxième conférence de la matinée a été tenue par Blair Feltmate (directeur du Centre Intact sur l'adaptation climatique, Université de Waterloo, Canada). Il est venu nous prévenir de l'urgence d'agir. Il a d’abord dressé un portrait plutôt sombre de la situation actuelle afin de souligner l'importance de non seulement réduire les GES, mais également de s'adapter aux changements climatiques déjà en cours. Il nous a ensuite présenté la perspective des assureurs ainsi que de nombreux exemples d'adaptation notamment à l'échelle individuelle, ce qui a fini sa présentation sur une note optimiste et l'espoir que si on agit maintenant, on peut toujours faire une grosse différence.
Refuser le climato-négationnisme
L'après-midi a démarré avec la conférence de Meg Holden (professeure et directrice du programme des Études urbaines à l’Université Simon Fraser, Vancouver, Canada). Elle a souligné les conditions de vie appauvrissantes des villes et le fait que le capital et le profit soient mis au-dessus de tout dans la manière dont les villes sont conçues et réfléchies. Elle considère également que le climato-négationnisme est une crise en elle-même dont il faut tenir compte. Meg Holden pose ainsi une question importante : comment améliorer les villes tout en respectant les limites de la planète?
Le dernier panel de la journée, intitulé «Panorama d'initiatives immobilières», a permis à Ashley Graham (gestionnaire Développement durable, ZIBI Ottawa), Mélanie Pitre, Ing. (directrice développement durable, Aedifica) et Yann Omer-kassin (agent de développement, responsable des grands projets, Bâtir son quartier) de nous présenter des initiatives immobilières éco-énergétiques inédites.
Sen̓áḵw, le projet immobilier carboneutre de la Nation Squamish, à Vancouver
La journée s'est achevée sur la conférence exceptionnelle de Khelsilem (président du Conseil de la Nation Squamish, Vancouver, Canada) qui est venu nous présenter le projet immobilier carboneutre Sen̓áḵw, le plus grand projet piloté par une Première Nation dans l’histoire du Canada. Il s’agit d’un projet de développement résidentiel en cours sur les berges de False Creek, tout près du centre-ville de Vancouver. Les faits saillants : excellente desserte de transport en commun, standard d’émission de carbone «net zéro», plus de 950 unités réservées à des ménages à faible revenu et les profits tirés de la location des logements, loués au prix du marché pour une bonne part vont permettre de financer des logements sociaux pour la Nation Squamish, notamment. Ce projet est à la croisée de la résilience climatique et de l’abordabilité du logement et offre donc la parfaite conclusion pour la première journée tout en faisant un pont avec la deuxième.