Se loger, un droit fondamental
La deuxième journée était consacrée à l'abordabilité du logement. La première conférence était tenue par Alex Baca (directrice des politiques publiques, Greater Greater Washington, États-Unis). Elle nous a expliqué l'importance d'évaluer au préalable nos propres croyances et ressentis avant de se lancer dans des projets de logements durables et abordables. Elle part ainsi du principe que l'habitation est un droit humain et un impératif moral. Il est donc important d'avoir une philosophie en alignement avec ses valeurs et ses croyances. Dans la même lignée, Alex Baca est aussi convaincue que la notion d’équité devrait être au cœur des politiques des décideurs publics.
Le logement, au nom d’une fondation sociale et économique plus égalitaire
Adam Mongrain (coordonnateur - habitation, Vivre en Ville) est ensuite venu nous présenter le bilan du projet de recherche PORTES sur l'abordabilité et la durabilité en habitation. Adam s’est récemment rendu à Natashquan, là où sévit une crise du logement, tout comme à Charlevoix, Gaspésie, et l’ensemble du Québec. Il remarque que la crise ne se limite pas aux centres urbains. Il nous explique ensuite que les définitions habituelles de “logement abordable” et “logements durables” sont insuffisantes pour les crises conjointes auxquelles nous faisons face, il faut se doter de définitions à la hauteur de nos ambitions. Sans une nouvelle fondation sociale et économique plus égalitaire, le marché de l’habitation sera de plus en plus segmentée entre quelques unités abordables subventionnées, et le reste du marché qui est hors de prix. Nous atteindrons vite ce point: les prix au Canada ont grimpé plus vite et plus haut que tout autre pays de l’OCDE entre 2000 et 2020. Mais il y a lieu de se retrousser les manches: un monde meilleur est possible Il nous explique ainsi que l'objectif est que tout le monde puisse se loger, pour ne plus seulement survivre, mais bien vivre. Les bonnes idées ne suffisent pas même si elles sont nombreuses; il faut maintenant passer de l'exception au quotidien. Il propose de penser le marché de l'habitation comme une forêt dont il faut entretenir le sol plutôt que de travailler le feuillage des arbres.
L’abordabilité
Le premier panel de la journée a ensuite pris place. Intitulé «Le casse-tête de l'abordabilité d'un océan à l'autre», il a été tenu par Mike Moffatt (vice-président, Politique et innovation, Smart Prosperity Institute, Ottawa), Jennifer Bradshaw (directrice, Abundant Housing Vancouver, Canada) et Jean-Philippe Meloche (professeur agrégé, École d'urbanisme et d'architecture de paysage, Université de Montréal). Avec des données à l'appui et l'exemple de Toronto, Vancouver et Montréal, les trois panélistes arrivent aux mêmes conclusions : les taxes et réglementations sévères, le manque de planification et le manque de logements construits mènent inévitablement à la rareté des logements abordables.
Le devoir d’agir - résilience et durabilité des villes
Après une pause, le troisième panel à pris place. Trois jeunes élus et élues, Émile Grenon Gilbert (conseiller municipal, Ville de Mont-Saint-Hilaire), Myriam Nadeau (conseillère municipale, Ville de Gatineau) et Philippe Pagé (maire, municipalité de Saint-Camille) ont été invité.e.s pour donner leur point de vue sur le sujet des villes résilientes et durables. Ils ont parlé avec conviction de leur espoir pour l'avenir, riches de leurs expériences et sans avoir perdu leurs idéaux. Ils ont expliqué que les changements climatiques, c’est ici et maintenant. Ils souhaitent inculquer le sens de la responsabilité et croient que quiconque se présente en politique doit avoir le sens de l’urgence des changements climatiques. La question doit être au cœur du programme politique des élus. Ils ont d'ailleurs coécrit avec d'autres élus un ouvrage sur la résilience et la durabilité des villes au Québec.
Résilience et abordabilité durable
Le dernier panel de la journée est venu souligner les exploits et les réussites en matière d'abordabilité durable. Louise Hodder (directrice générale, Vivacité), Samuel Gervais (cofondateur - Développement et partenariats, Foncier solidaire), Estelle Le Roux (cofondatrice et directrice générale, Village Urbain) et Jean-Pierre Racette (directeur général, SHAPEM) sont venus partager avec nous leurs très beaux accomplissements en matière de logements abordables, prouvant ainsi que différents modèles en habitation sont possibles.
Les défis - zonage et construction
La dernière conférence de l’événement, présentée par Michael Eliason (architecte, spécialiste CLT et passivhaus), était intitulée «Logement abordable et durable, une question de moyens». Il nous a expliqué les effets négatifs du zonage et des codes de construction sur la performance des bâtiments.