Mieux construire nos bâtiments, nos rues, nos quartiers, nos agglomérations

Voici ce que nous avons demandé aux partis politiques

Par: Samuel Pagé-Plouffe
14 septembre 2022

Electionsquebecoise2022

La campagne électorale bat son plein au Québec. Un nouveau gouvernement sera formé au mois d’octobre et peu importe la formation politique qui sera élue, il y aura une nouvelle dynamique, de nouveaux ministres et équipes ministérielles, des porteurs de dossiers différents dans l’opposition, etc. 

Vivre en Ville participe à différentes démarches, notamment Vire au vert, une vaste initiative de mobilisation qui vise à mettre les enjeux environnementaux au cœur des élections au Québec. Nous collaborons également avec nos partenaires Piétons Québec, Trajectoire Québec et Vélo Québec afin d'inciter les chefs de partis politiques à prendre des engagements pour permettre aux ménages québécois de se libérer de leur deuxième voiture. Nous sommes convaincus qu’en joignant nos voix, elles porteront davantage. 

Comme à chaque élection, nous tenons tout de même à établir des priorités propres à notre champ d’action: l’émergence de collectivités viables. Nous avons donc transmis aux différentes formations politiques des propositions d’engagements auxquelles certains partis ont déjà répondu de manière détaillée. Nos demandes s'articulent autour de trois grandes priorités.

1 - Adopter un plan de mise en œuvre rigoureux de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT), notamment par la création d’un fonds en aménagement et urbanisme durable. 

Il s’en est fait du chemin, quand même, depuis que l’alliance ARIANE s’est formée en 2015 avec l’idée de convaincre le gouvernement du Québec d’élaborer une Politique nationale d’aménagement du territoire. Ce n’était dans les programmes d’aucun parti politique jusqu’à ce que nous nous concertions et que la proposition soit reprise par trois des quatre grands partis politiques à l’élection de 2018. 

Les questions d’aménagement du territoire ont pris une place nettement plus grande dans l’espace public, comme le notait récemment Olivier Niquet dans l’Actualité, qui voit dans la vision stratégique de la Politique adoptée au printemps dernier une véritable source d’espoir. « Je ne dirais pas qu’une meilleure planification urbaine pourrait résoudre tous nos problèmes… mais presque ». C’est en plein ça! Santé publique, lutte et adaptation aux changements climatiques, sortir de la crise de l’habitation, protection du territoire agricole, revitalisation des centres-villes, noyaux villageois, du patrimoine et des paysages: tout passe par l’aménagement. 

Le vrai test viendra à l’hiver prochain, avec l’adoption du plan de mise en œuvre de la Politique nationale. Il faudra avoir le courage politique de mettre en place des règles communes claires et donner les moyens aux municipalités, financiers notamment, pour changer leur modèle de développement.  

En réformant le cadre d’aménagement, le prochain gouvernement pourrait laisser un legs d’envergure aux prochaines générations, comme l’avait fait le gouvernement Lévesque avec l’adoption de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA) et de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU). 

Je ne veux pas tomber dans le jovialisme, les gouvernements du Québec sont souvent incohérents avec leurs propres orientations en la matière - et oui, le 3e lien est l’éléphant (blanc) dans la pièce -, mais il faut reconnaître que le contexte n’a jamais été aussi propice à un aménagement plus durable du territoire Québécois, d’autant plus avec la nouvelle cohorte de mairesses et de maires. 

2 - Mettre en place un ensemble de solutions afin d’assurer une offre pérenne d’habitations abordables et durables, « conventionnelles » et hors marché. 

On le dit souvent à Vivre en Ville, il faut répondre simultanément à la crise de la l’habitation et à la crise climatique. Nous appuyons plusieurs demandes du milieu, notamment de financer des dizaines de milliers d’unités de logement hors marché. Malgré le refus du gouvernement actuel, nous travaillerons fort à la mise en place d’un registre des loyers afin de contrer les hausses abusives. Plus d’un parti y est d’ailleurs favorable! 

Ceci dit, nous appelons surtout la prochaine ou le prochain ministre responsable de l’habitation à une importante réflexion collective visant à transformer notre rapport à l’habitation. Le Québec ayant été historiquement choyé par une disponibilité d’habitation relativement abordable, j’ai l’impression que nos décideurs mesurent mal l’ampleur du défi auquel nous serons confrontés dans la prochaine décennie. Il faudra changer nos réflexes. Dans sa nouvelle publication PORTES OUVERTES, Vivre en Ville identifie quatre portes à ouvrir simultanément pour une sortie de crise durable en habitation:

  1. Rembourser le déficit d’espace habitable dans les milieux durables ;
  2. Créer un marché immobilier sans spéculation ;
  3. Construire une abondance d’unités hors marché ;
  4. Décupler la productivité du secteur de l’habitation.

Il faudra donc construire beaucoup, certes. Par ailleurs, pour s’inscrire en cohérence avec la nécessaire transition énergétique, nous souhaitons que les partis politiques s’engagent à exiger, d’ici 2025, que la consommation énergétique des nouvelles constructions soit décarbonée, et exiger progressivement que le chauffage des bâtiments existants soit converti en ce sens lors du remplacement des systèmes aux combustibles fossiles déjà installés, notamment en ce qui concerne le gaz naturel. Montréal a fait preuve d’audace en ce sens au printemps dernier, mais il faudra agir à l’échelle nationale pour prévenir un verrouillage carbone accru dans le secteur du bâtiment.

3 - Investir massivement dans les infrastructures publiques de mobilité collective et active, particulièrement lorsqu’elles favorisent la consolidation urbaine.

 Le transport collectif est mort? Vive le transport collectif! On le constate, malgré le télétravail, les niveaux de congestion sont revenus à des niveaux pratiquement équivalents à ceux d’avant la pandémie. Le prochain gouvernement aura l’énorme défi de permettre aux réseaux de transports collectifs de reprendre leur élan. 

Le Québec a déjà une bonne Politique de mobilité durable qui prévoit des objectifs de développement des réseaux (5% par année), qu’il faut maintenir. Le Plan pour une économie verte prévoit également de rééquilibrer les investissements entre le réseau routier (actuellement à 30,7 milliards $) et le transport collectif (actuellement à 13,4 milliards $). Cela passera forcément par des gestes courageux en matière de financement des réseaux de transport, sans quoi le Québec frappera un mur au cours des prochaines années. 

Le prochain gouvernement devra aussi saisir les nouvelles opportunités qui se présentent: arrimer davantage la planification territoriale avec les infrastructures de transport, ce qui deviendra possible avec la mise en œuvre de la PNAAT; profiter de la popularité de la marche et du vélo pour accélérer le développement des infrastructures de transport actif conviviales et sécuritaires; soutenir le déploiement d’initiatives de livraison active et électrique, et l’élaboration d’un cadre propice à leur généralisation.

Des transformations absolument nécessaires 

Plusieurs s’inquiètent devant la possibilité d’un gouvernement largement majoritaire, dont les mauvaises décisions pourraient plus difficilement être remises en question. J’en suis. C’est une évidence, le bilan (environnemental notamment) du gouvernement actuel est insuffisant

Reste que les chantiers qui se présenteront au cours des prochaines années me paraissent clairs. Des transformations seront absolument nécessaires et plusieurs opportunités s’offrent déjà à nous. Peu importe le résultat, il faudra donc se retrousser les manches.

Au lendemain de l’élection, Vivre en Ville sera prête à travailler avec le gouvernement et tous les partis à l’Assemblée nationale pour des collectivités résilientes et durables, partout au Québec. Bonne fin de campagne!

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