Dans chaque ville et village du Québec, nous venons de porter au pouvoir de nouvelles équipes municipales. Chacune a quatre ans devant elle pour élaborer et mettre en œuvre sa vision sur le territoire, en plus des services à assurer au quotidien. C’est avec la plus grande considération que Vivre en Ville félicite ces élus pour leur engagement et les assure de sa collaboration pour relever les défis qui seront les leurs.
Les hasards du calendrier ont voulu qu’au moment même où nos élus municipaux célébraient leurs victoires s’ouvre, à Bonn, la 23e conférence de l’ONU sur les changements climatiques. Cette rencontre démarre sous des auspices bien défavorables, alors que le plus récent rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement souligne l’écart entre les engagements pris et les véritables cibles à atteindre pour éviter le pire en matière de changements climatiques.
Deux ans après l’Accord de Paris sur le climat, qui avait vu un millier de maires du monde entier se réunir pour exercer une pression positive sur les négociations intergouvernementales, que peuvent concrètement faire les municipalités – et, en particulier, les municipalités québécoises?
Disposant, avec l’hydro-électricité, d’une source d’énergie à faible impact carbone, le Québec ne peut pas compter, pour atteindre les cibles de réduction d’émissions qu’il s’est fixées, sur la fermeture de quelques centrales au charbon. Nous n’avons donc pas le choix : pour alléger notre bilan, où le secteur des transports compte pour près de la moitié, il faudra modifier nos habitudes et notre mode de vie.
Les municipalités sont en première ligne dans cette entreprise. Elles disposent, pour ce faire, d’un pouvoir essentiel : celui de déterminer la façon dont elles vont se développer. En construisant toujours plus loin, augmentant ainsi les distances à parcourir et alourdissant le bilan carbone de chaque ménage et de chaque entreprise? À l’inverse, en mettant à profit les espaces sous-utilisés pour optimiser l’utilisation du territoire et rapprocher la population, les services et les emplois? Au besoin, en ralentissant le développement lorsqu’il apparaît impossible de bien le faire?
On ne le dit pas assez : nos choix d’urbanisation sont le premier déterminant de notre bilan carbone. Le discours des nouveaux élus est d’ailleurs, à ce titre, plutôt encourageant. Il reste cependant à l’incarner et à l’ancrer, dès aujourd’hui et tout au long du mandat qui débute, dans des décisions qui ne pourront pas ressembler à celles qui ont été prises dans les dernières décennies. La planification actuelle de nos villes constitue un problème climatique plutôt qu’une solution. Pour construire de meilleures villes et garantir un meilleur climat, il est impératif de changer de direction.
Durant les prochains mois, Vivre en Ville sera en tournée à travers tout le Québec pour y rencontrer les municipalités. Nous voulons connaître les succès, les projets, les enjeux et les besoins des nouveaux élus et de leurs équipes, afin de mieux les outiller et de favoriser leur passage à l’action.
À chaque étape, nous profiterons de nos rencontres pour lancer cette proposition : et si la planification en aménagement du territoire et en urbanisme se mettait au service du climat? Si les plans d’urbanisme et les schémas d’aménagement adoptaient, comme objectif de premier plan, celui de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de prévoir l’adaptation aux changements climatiques? Nous savons, qui plus est, qu’en nous attaquant à cette menace, nous œuvrerons aussi en faveur de la qualité de vie, de la santé, de la protection de l’environnement, de l’équilibre des finances publiques : il n’y a pas de véritable revers à cette médaille.
Quatre ans, c’est peu pour construire. C’est cependant beaucoup pour décider. Nous faisons le pari que cette nouvelle cuvée municipale sera celle du changement, pour le mieux. Vivre en Ville sera là pour y participer.