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Pourquoi le 3e lien concerne tous les Québécois

12 décembre 2017

La commande, par le gouvernement du Québec, d’une étude d’opportunité sur le projet de 3e lien entre Lévis et Québec pour un budget de 20 millions de dollars n’a pas eu la résonnance qu’elle méritait parmi la population québécoise. Pour peu qu’on s’intéresse à la mobilité durable, ce projet est pourtant crucial. Loin de se limiter à des aspects locaux, les questions qu’il soulève concernent l’ensemble du Québec.

Le contraste est d’ailleurs fort avec le précédent de l’amphithéâtre, un projet qui avait suscité, pour et surtout contre, une forte mobilisation à l’échelle du Québec. Bien que le remplacement du vieux Colisée par un édifice neuf ait répondu – avec une certaine emphase – à des besoins concrets, le fait que l’État québécois ait accepté de consacrer 200 millions d’argent public au projet avait soulevé les passions des citoyens et contribuables.

Pourquoi, alors, le projet de consacrer quatre milliards du budget du Québec à un lien routier ne suscite-t-il pas un débat au moins équivalent?

Le projet de 3e lien pose d’abord un problème de logique. L’ensemble des experts martèlent sur toutes les tribunes qu’ajouter de la capacité routière conduit à moyen terme à aggraver la congestion. Il n’y a aucune raison de penser que cette loi partout vérifiée ne s’appliquera pas entre les deux rives du fleuve, surtout considérant les intentions de développement immobilier déjà exprimées par ceux qui réclament le projet.

Le gouvernement lance donc le signal qu’il est prêt à répondre, une nouvelle fois, à la congestion par la congestion. Et pas pour un mini-élargissement local; non, pour un projet pharaonique. Remettre en question ce choix ne peut pas reposer sur quelques organisations et professionnels de la région de Québec : c’est la responsabilité de tous ceux qui s’intéressent aux transports au Québec.

Le problème du 3e lien en est aussi un d’ordre budgétaire. Certes, l’estimation précise des coûts reste à faire. Il est cependant peu vraisemblable de réduire à 200 millions – surtout après une étude d’opportunité de plus de 20 millions – l’estimation initiale de quatre milliards. Cette somme colossale, avec laquelle on pourrait construire une vingtaine d’amphithéâtres, 130 kilomètres de tramway ou payer pendant 6 mois l’ensemble des médecins du Québec, sera prise à même le budget d’immobilisations du ministère des Transports. La répartition des responsabilités prévoit en effet que l’État assume 100% des coûts du réseau routier supérieur, lors de la construction, mais aussi pour l’entretien futur. C’est donc l’ensemble des Québécois qui payera pour le 3e lien.

Évidemment, à Vivre en Ville et ailleurs, on pense que la priorité budgétaire devrait être donnée au développement du transport collectif. Cependant, ce ne sont pas seulement les tenants de la mobilité durable qui devraient s’inquiéter du projet de 3e lien. Ce qui est investi entre Québec et Lévis ne sera pas disponible pour le reste du réseau routier québécois, que ce soit pour un contournement légitime d’agglomération ou pour la réfection d’un viaduc. 

Vivre en Ville y reviendra certainement en 2018, une année électorale qui s’annonce riche en réflexions et en débats. Pour l’instant, l’esprit des fêtes gagne l’équipe et c’est avec le cœur rempli de fierté quant au chemin parcouru avec vous en 2017 que nous vous souhaitons une très heureuse fin d’année!

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